Précédé par une bande annonce
explosive, Everly avait suscité
une curiosité presque polie de la part des amateurs mais pas
vraiment d'attente particulière. Et c'est tant mieux, parce que la surprise que
réserve le résultat final n'en est que plus grande. Fun, barré et bourrin, du
cinéma bis comme on l'aime avec en prime une Salma Hayek en pleine(s) forme(s).
Everly a tout pour faire peur: D'abord il est signé Joe Lynch dont
le seul film jusqu'ici était Détour
Mortel 2 dont l'affliction
de la réalisation se la disputait à la
débilité d'un scénario nanardesque au possible. Deuxièmement, au vu du poster
et à la première bande annonce diffusée en masse sur le net, nous craignions
d'être face à une nouvelle Bessonnerie version femme, du genre Colombiana et compagnie. Certes, il est
toujours sympa de voir Salma Hayek en petite tenue et grosses pétoires - Ah,
l'époque Desperado- mais
faut pas abuser non plus, la formule du revenge
movie a été pillée jusqu'à
plus soif. À cela, Everly répond dès les dix premières minutes,
dans une scène de fusillade ahurissante de violence,
de maîtrise visuelle mais aussi d'humour féroce. Comme note
d'intention, on a rarement fait mieux. Joe Lynch nous dit clairement que ce
film là, il y a peu de chances qu'on l'ait déjà vu. Joe Lynch a raison.
Le pitch de Everly est des plus simples: Une femme,
dont on ne connaîtra que le prénom, celui du titre, doit faire
face à une horde de tueurs envoyés par son ex-mari. Prétexte parfait pour un
déluge de balles et de sang, ce que le film ne manque pas de montrer. Everly un
vulgaire film d'action de plus ? Think again. Le premier atout du métrage est
un scénario linéaire mais foutrement couillu qui part dans tous les sens et ne
facilite pas la tâche au spectateur - le film démarre en pleine action et il
faudra attendre une bonne moitié du film pour comprendre
comment l’héroïne en est arrivée là -. Le script est sans conteste
nourri de clichés qu'il recycle intelligemment pour les recracher dans un festival
d'action déjantée et borderline. Joe Lynch prend ce scénar' -qu'il a coécrit- à
bras le corps et couche sur pellicule un délire jubilatoire, aussi généreux en
bastos qu'en hémoglobine. Car attention, ici ça gicle sévère, histoire de
rappeler que Joe Lynch vient de l'horreur bis : des têtes qui explosent, des
membres sectionnés, des tripes qui débordent et des geysers de sang old school
en veux-tu en voilà, le tout devant l’œil scotché du spectateur qui
n'a pas le temps de voir venir.
L'un des principaux challenges
que se pose Lynch est l'unicité du lieu puisque la quasi-totalité du film se
passe dans l'appartement de l’héroïne, qu'elle doit absolument quitter
mais qui est systématiquement attaqué par des vagues successives de bad guys
plus coriaces les uns que les autres. Un postulat qui n'est pas sans rappeler
celui des jeux vidéo shoot-em up où le personnage central passe à travers
différents niveaux jusqu'à un big boss final. Et ce n'est sûrement pas un
hasard si Everly est
totalement imprégné d'une vibe
nipponne - lors d'une scène en particulier, que l'on ne spoilera pas, on se
croirait presque chez Sushi Typhoon-. Lynch, malgré un budget limité, torche
ses scènes avec soin et tire profit au maximum de ses décors eux aussi limités
: un salon, un couloir, une salle de bain, un ascenseur... Chaque scène
étant plus folle, plus absurde et férocement plus drôle que la précédente.
Un seul hic cependant: la barre est placée si haut que la rencontre avec le
boss final est un poil en dessous des attentes et un poil trop bavarde. Par
ailleurs, et ce n'est pas une surprise, Salma Hayek est parfaite dans le rôle
d'Everly. Sans être une foudre de guerre, elle ajoute une belle dose de
vulnérabilité dans ce monde de brutes. Un peu à la manière d'une black mamba
qui sort les griffes pour protéger sa petite fille, elle est tout aussi Badass
avec cependant un humour deuxième degrés très bienvenu. Et oui, elle est
vachement mieux gaulée qu’Uma Thurman. Ça compte.
Difficile à croire que ce soit le
même gonze derrière Détour Mortel 2,
mais Joe Lynch se fend d'une péloche d'action survoltée, très souvent barrée et
à l'humour très noir. Bourré de clichés qu'il recycle et basé sur une
prémisse usée jusqu'à la moelle, il n'en demeure pas moins que Everly est une sacrée belle surprise et une
lettre d'amour à un certain cinéma d'action qu’on aimerait voir plus souvent.
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