Branché sur les fréquences radios de la police, Lou parcourt Los Angeles la nuit à la recherche d’images choc qu’il vend à prix d’or aux chaînes de TV locales. La course au spectaculaire n'aura aucune limite...
Dan Gilroy est surtout connu pour
être l'auteur du reboot de la saga Bourne, le mou du genou Jason Bourne:
l'Héritage, réalisé par son frère Tony. A 55 ans, il passe derrière la
caméra pour livrer ce Night call,
thriller nocturne précédé par une hype
disproportionnée et boosté par un Jake Gyllenhaal littéralement habité par son
personnage. Retour sur ce qui pourrait être la plus grosse arnaque de
l'année.
De par son sujet sombre et
d'actualité, Nightcall s'inscrit dans un certain genre de
cinéma, celui des années 70's où Hollywood n'avait pas peur de prendre le
spectateur par le bout du nez et de le lui fourrer dans le côté très peu
reluisant de sa triste réalité. De ce point de vue, le film ne fait pas de
mystère et dresse un procès en règle contre le commerce du voyeurisme et du
sensationnalisme à outrance dans une télé devenue poubelle. Cette intention est
fort louable, surtout que ce constat apparemment anodin a fait office de
révélation fracassante pour le reste du monde: Les médias sont donc pourris ?
Et oui. Dire qu'il a fallu attendre Night
Call pour nous dire ça.
Pourtant, même Elie Semoun et Burt Reynolds avaient essayé de nous prévenir en
1997 -déjà- avec Stringer de
Klaus Biderman. Un film qui raconte presque la même histoire en beaucoup moins
glamour et avec moins de moyens. Patrick Timsit et Vincent Lindon dans Papparazzi aussi, à leur manière. Il a fallu
que "les producteurs de Drive''
s'y attellent pour que le message passe, faut croire.
Si Night Call interpelle, ce n'est surement pas par
son message, pas nouveau voir complètement éventé. Le scénario fait preuve à
ce titre d'une étonnante fainéantise en articulant son histoire autour de
la montée de ces salauds qui font de la poubelle médiatique leur fond de
commerce. On agrémentera le tout comme de bien entendu par des scènes ''clés''
comme ces faits divers moches, filmés en mode gonzo par des caméramans
charognards, les prises de libertés avec les scènes de crime pour que le rendu
soit plus trash voir même de la désinformation pure et simple pour apaiser le
Dieu Audimat. Et le spectateur de s'exclamer : Houlala! Mais c'est pas bien ça
?! Carrément pas, mec. Cette paresse parait encore plus évidente lorsque Dan
Gilroy décide d'emblée de nous dire à quel point son anti-héros est chtarbé
dans sa tête dans la scène d'intro où il tabasse un vigil et se tire avec une
marchandise volée qu'il refourgue à un dealer. Un choix qui fait office
d'éjaculation précoce tant il fout en l'air le plus gros ressort
dramatique du film et un éventuel crescendo psychologique. Bien sûr, le film
réserve beaucoup de surprises, mais pour la subtilité, on repassera. Non, si Night Call interpelle, c'est avant tout pour
cette volonté puérile de courir après plusieurs lièvres à la fois. Dan Gilroy
n'est pas foutu de se décider s'il film un pamphlet, un thriller ou
une comédie noire. Les enjeux et les sous-intrigues sont trop téléphonée et
cousues de fil blanc pour prétende tenir en haleine, les scènes de suspense
sont souvent parasitées par un comique de situation qui tombe comme un cheveu
dans la soupe et la portée du message pâtit forcément de tout ce patchwork. Le
plus embarrassant c'est surtout cette campagne marketing débile qui
vend le film comme un thriller dans la lignée de Drive à gros renforts de trailers montés de façon à mettre en
avant ce que le film compte de courses poursuites - à savoir deux- et de
visuels et affiches dans la veine new-retro. Le comble restera la distribution
française qui change le titre original de l'évocateur Nightcrawler -littéralement nocturne
rampant- à celui du stupide Night
Call, référence au titre de Kavinsky en b.o de Drive... Bitch, please.
Night Call devient immédiatement plus
intéressant lorsqu'il s'évertue à brosser le portrait de ce taré de Jason
Bloom: une vermine autodidacte et arriviste mais qui a une ambition dévorante.
Une réussite de ce côté là et c'est sans grande surprise grâce à la performance
ahurissante de Jake Gyllenhaal, dans un rôle en or massif qui confirme encore
une fois la tournure exceptionnelle que prend sa carrière après un Ennemy déjà très singulier. Bien propret,
visage émacié arborant un sourire enfantin à la candeur malsaine, débitant des
maximes toutes faites qu'il glande tout le temps sur internet - sa seule
école-, il donne chair à un personnage hyper flippant tout évitant le piège de
la démonstration gratuite ou grossière. D'ailleurs, Jason Bloom n'a rien a voir
avec un Dexter par exemple, il ne cache pas ce
qu'il est, surtout pas sa détermination à user de tous les moyens pour arriver
à ses fins. Dommage encore une fois que Gilroy dynamite souvent ses scènes les
plus tendues par un humour douteux qui n'a rien à faire là et qui empêche Night Call d'être Le film noir qu'il aurait dû
être.
Est-ce que filmer L.A de nuit
fait de vous un Winding-Refn ou un Michael Mann ? Est-ce que rouler vite dans
une muscle car rouge donne
nécessairement lieu à une scène d'action ? Est-ce qu'une bonne performance
d'acteur fait forcément un bon film ? Est-ce que produire Drive est une excuse pour se foutre de
la gueule du monde ? Réponse dans Night
Call.
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