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Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

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Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

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Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

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La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

21/08/2017

Desperate Hours (1990)



Michael Bosworth (Mickey Rourke), un criminel au Q.I. nettement supérieur à la moyenne, s'évade pendant son procès, juste avant la délibération des jurés, alors qu'il comparaissait pour plusieurs crimes moraux. Rejoint par son frère et un de ses amis, il décide d'investir une villa des quartiers huppés afin d'attendre son avocate qui l'a fait s'évader et qui est aussi sa maîtresse. La maison qui fait l'objet de son choix est celle de la famille Cornell. La mère (Mimi Rogers), récemment séparée de son mari (Anthony Hopkins), y vit avec ses deux enfants mais le père leur rend visite fréquemment. La prise d'otage est imminente et la terreur de la famille Cornell s'installe.


Remake de La maison des otages de 1945 de William Wyler avec Humphrey Bogart, la version 1990 signe l'avant dernier film de l'ogre Michael Cimino (si l'on exclue son segment No Translation Needed pour l'anthologie Chacun son Cinéma). Elle signera aussi -malheureusement- une nouvelle déconvenue dans la carrière en dents de scie d'un cinéaste qui n'aura jamais vraiment su inscrire l'empreinte de son immense talent au panthéon des grands réalisateur américains. La faute à des relations très souvent houleuses avec les majors et les producteurs mais surtout... à lui même : l'homme, ce n'est plus un secret, a été son meilleur ennemi tout au long de sa carrière. La maison des otages version 90 est, une fois de plus, un bel exemple du gâchis qu'est le parcours de Cimino. 

Tout le monde voulait que ce film se fasse. Le grand Manitou Dino Delaurentis en premier : Rencontrant des difficultés financières à la fin des années 80, il cherche le prochain gros hit qu'il entrevoit dans le scénario de La maison des otages. Mickey Rourke ensuite : Sa carrière bat sérieusement de l'aile et il aborde la décennie 90's de la pire des façons avec l'horrible bluette érotique L'orchidée sauvage, catastrophe critique mais bien rentable au final. Fan du film original, il a l'idée, pour le mettre en scène, de la proposer à la personne qui a véritablement fait exploser sa carrière dans le somptueux L'année du Dragon en 85 : Michael Cimino. Ce dernier ne veut même pas en entendre parler, aucune envie de réaliser un remake dira-t-il. Et pourtant, lui aussi a bien besoin de se remettre en selle. Quatre ans qu'il n'a plus rien tourné, après la débâcle de l'infâme Le Sicilien. Devant l'insistance de son ami, il finit par céder. Le casting est complété par le vénérable Anthony Hopkins (un an avant de devenir officiellement cannibale) qui avait lui aussi très envie de tourner avec le légendaire réalisateur.  Comment donc toute cette entreprise a-t-elle bien pu capoter ? 


Lorsqu'on visionne encore aujourd'hui La Maison des otages, avec la meilleures des prédispositions et la bienveillance accordée aux grands cinéastes décédés, l'on ne peut décemment pas se départir du sentiment de bordélisme qui règne dans cette entreprise. Il sera encore une fois très difficile d'imputer les nombreuses faiblesses du film à quelqu'un en particulier : Cimino  blâmera bien évidemment les studios d'avoir charcuté son montage initial et ainsi d'avoir complètement dénaturé sa vision. Une version pas vraiment démentie par les studios mais les détracteurs du cinéaste -et ils sont nombreux- crieront à l'excuse facile et mettront en avant l'obstination et le tempérament mégalomaniaque de Cimino. Où se trouve la vérité dans tout ça ? Probablement quelque part entre les deux. 

Très tôt, La Maison des Otages se démarque de l'original par un choix couillu : La famille prise en otage ici n'a plus rien à voir avec  la famille modèle de 1945. Il s'agit d'une famille au bord de l'implosion, les parents sont en instance de divorce à cause de l'infidélité du patriarche et les enfants sont quasiment à la dérive lorsque la violence fait irruption dans leur quotidien. L'idée forte du film est alors de confronter deux figures complexes : un truand maléfique mais pur (Rourke) et un père de famille protecteur mais aux agissements condamnables. Cimino n'a alors plus qu'à tendre les bras pour embrasser son sujet et questionner comme à son habitude les valeurs d'une Amérique déliquescente. Las, à aucun moment le réalisateur ne semble intéressé par le potentiel de son histoire. Il préférera se cantonner à filmer les dialogues totalement creux et insipides de ses protagonistes et enquiller les redites sans se soucier de créer la moindre tension ou le moindre suspense. Un comble pour une histoire d'otages. Visiblement mal à l'aise dans l'exercice du huis-clos, Cimino ne perd pas une occasion pour s'aventurer dehors -encore une fois en éventant toute tension- et multiplie les incursions dans la nature sauvage. Amateur de grands espaces, il en profitera pour filmer deux trois scènes dans un cadre sauvage et somptueux dont lui seul à le secret. Belles, mais qui s'imbriquent très mal avec le reste du métrage, à tel point qu'elles en deviendraient presque une caricature des obsessions filmiques du réalisateur.      

Ridicule est un mot qui revient souvent lorsqu'on parle de La Maison des otages. Et s'il ne tue pas, il peut tout de même faire très très mal. Au choix, on pourra rire ou s'exaspérer des réactions grotesques d'à peu près tous les personnages, des innombrables circonvolutions d'un scénario qui ne sait pas où il va ou encore de certains choix artistiques désastreux, avec en tête le score exécrable signé David Mansfield, pourtant fidèle compositeur de Cimino. Difficile de ne pas rire face à la prestation de Kelly Lynch, utilisée uniquement pour sa plastique sculpturale (toutes les excuses sont bonnes pour montrer ses seins). Difficile de ne pas rouler des yeux face à pratiquement toutes les scènes qui impliquent les forces de police, incroyablement crétines avec en figure de proue Lindsay Crouse et son interprétation nullissime d'une inspecteur qui en a tellement dans le pantalon qu'elle prête un flingue deux fois à un civil infiltré ''au cas où'' et braque son arme de service sur un témoin pour se présenter à lui et le rassurer qu'il est entre de bonnes mains...   

Mais le plus beau gâchis de ce film reste la performance forte en cabotinage de sa tête d'affiche. Rourke, de par son charisme vénéneux n'a rien à envier au Humphrey Bogart des grands jours, mais il s'obstine mystérieusement à se saboter lui même. Tout sonne faux dans sa performance, de sa posture faussement négligée à sa voix qui chuinte et ses répliques d'une connerie consommée :  Le mensonge est le grand péché qui détruit l’Amérique. Et je suis un reproche vivant pour vous car je suis un honnête homme. Il est maintenant de notoriété publique que les rapports entre l'acteur et son réalisateur s'est irrémédiablement dégradée sur le tournage, Rourke n'en finissant plus de faire sa Diva et de se foutre royalement de son rôle. Ce sera le faux pas de trop et le backclash rencontré à la sortie du film plongera sa carrière dans les abîmes pendant de longues années avant son retour en grâce en 2008 et le triomphe de The Wrestler.

Toutes les éléments étaient réunis pour faire de La Maison des Otages version 90 sinon un chef d'œuvre du moins un grand thriller noir et désespéré. Le hasard en aura voulu autrement et, en l'état, le film n'est qu'un fatras incompréhensible, ennuyeux et banal dont transpirent ici et là quelques fulgurances filmiques de son auteur, témoins de sa gloire passée mais aussi annonciatrices de son avenir compromis. Du beau gâchis.     



Atef Attia 


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