Il ne faut pas dénigrer le nanar. Car le nanar a ceci de particulier qu’il arrive souvent à surprendre même les plus blasés. Dans quel sens, cela dépend du métrage et probablement du nombre de boissons alcoolisées qui accompagneront son visionnage. Le nanar sait aussi faire preuve d’un sens de la recherche assez pointu, allant vers des zones inexploitées jusque là et proposant des variations originales sur des thèmes galvaudés. Bien sûr, le Nanar ne serait pas nanar si cet effort de recherche n’était pas systématiquement gâché par toutes les caractéristiques du nanar que nous comprenons, aimons et chérissons, spécialement sur ces pages. Voici donc, comme pièce à conviction, Le commando des morts-vivants, objet filmique pas trop identifié qui nous propose des zombies teigneux, nazis et amphibiens, before it was cool.
Si
l’idée d’un zombie nazi ne surprend pas aujourd’hui, notamment depuis Dead
Snow, il en allait autrement dans les 70’s, époque de la réalisation de ce Commando
des morts-vivants –ou Shockwaves, en VO, c’est plus swag-. Les seuls
zombies connus alors étaient ceux de Romero, qui sortaient des tombes et
n’avaient pas forcément d’opinion politique particulière - à moins que bouffer
son prochain en soit une-. Le postulat est donc alléchant et l’affiche du film
ne l’est pas moins, il ne fera cependant pas illusion très longtemps : dès
les premières secondes qui nous donnent l’occasion d’admirer une qualité d’image
super crapoteuse filmée par une caméra tremblotante, nous savons
indubitablement à quoi nous avons affaire, un film d’exploitation au budget
rikiki et au scénar aussi rachitique que bêtifiant. Des petits détails qui
rebuteraient le spectateur lambda mais qui ne sauraient refroidir la volonté du
nanardeux aguerri. Comment résister à cette scène d’intro aux plans serrés
dignes d’un dvd de vacances d’été en Bretagne ? De ces lignes de dialogues
crétines débitées par des acteurs aussi charismatiques qu’un frigidaire Arthur
Martin ? C’est impensable.
Premier
film de Ken Wiederhorn, sombre inconnu qui connaitra une brève reconnaissance
en réalisant le raté Retour des Morts-vivants 2 avant de retomber dans
l’anonymat, Shockwaves ne brille clairement pas par ses qualités
artistiques. Plus encore que le manque de moyens financiers, c’est de
l’amateurisme évident du réal dont pâtit cette entreprise : Sachant que
les enjeux sont connus à l’avance –des naufragés tombent sur une île infestée
de zombies et doivent sauver leur peau- un peu plus de la moitié de la bobine
sera consacrée à la montée du suspense avec des personnages transparents qui
explorent les alentours, sursautent au moindre bruit et posent des questions
cons ici où là. C’est long, très long surtout quand on nous fait miroiter les
scènes avec les morts vivants du titre qui déambulent dans les recoins sombres
et montent le siège. Ce sont probablement les moments les plus réussis, leur
aspect inédit fait mouche –combinaisons militaires, teint blafard mais pas
pourri, lunettes de soudeurs- et les images de ces monstres sortant de l’eau
sont suffisamment flippantes pour imprégner durablement la rétine. Mention
spéciale pour la musique minimaliste de Richard Einhorn qui contribue à
instaurer un semblant d’ambiance stressante et poisseuse à souhait.
Ce
n’est qu’à la toute dernière partie du métrage, pile avant que nos paupières
lourdes ne se referment pour de bon que les choses commencent à bouger et où le
film se transforme en survival plutôt bien mené, mais pas follement
excitant pour autant. Les scènes de poursuite et les attaques des zombies
–notamment sous l’eau, pour rappel- donnent suffisamment de sueurs froides pour
tenir la route jusqu’au générique final, mais causent une frustration énorme du
fait de l’absence totale et scandaleuse du moindre effet gore. Ne comptez pas
sur ces zombies pour une éviscération, une énucléation ou un démembrement
sanglant quelconque –on attendra deux ans de plus et le Zombies 2 de
Fulci pour ça- on se contentera de strangulations à mains nues tout ce qu’il y
a de plus cordiales. L’hémoglobine, c’est connu, ça coûte cher et la production
à déjà tout claqué dans les décors, alors...
En plus des ses zombies peu orthodoxes, Shockwaves assure dans la
nanardise dans son côté fauché, ses répliques cons mais surtout dans son
casting de bras cassés, réussissant même l’exploit de réunir sur cette même
pellicule deux stars sur le retour : John Carradine et l’illustre Peter
Cushing –vous avez bien lu- pris en flagrant délit de cachetonnage. Pour le
premier, il faudra avoir le coup d’œil pour le reconnaitre : super mal en
point et visiblement bourré tout le long de ses deux trois scènes tournées, son
personnage disparaîtra dans les dix minutes suivant le début, dans
l’indifférence totale. Le cas de Cushing par contre est celui qui porte le plus
à rire –ou à pleurer c’est selon- puisqu’il se fend d’un rôle de savant fou à
l’accent germanique à couper au couteau et fier concepteur de ces gentils
monstres. Il est tout le temps filmé en solo, récitant ces tirades théâtrales
dignes de l’âge d’or de la Hammer et qui tombent ici totalement à plat, puis disparaîtra lui aussi, tué des mains de ses propres abominations. Visiblement,
ses scènes de tournage ont été bouclées en un jour max, puis distillées ici et
là au montage, trop honteux peut être pour se salir plus dans cette histoire.
Shockwaves,
Le commando des morts-vivants c’est donc de
la Zéderie comme on l’aime, une bobine nanardesque joyeusement crétine mais qui
vaut le détour pour ses zombies originaux et quelques moments horrifiques qui
valent le coup d’œil. A réserver exclusivement aux fans du cinéma bis sous
peine de se faire chier rapidement.
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