Slide # 1

Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

17/11/2018

Bohemian Rhapsody (2018)


D'un coté il y a Queen, le plus grand groupe de rock du monde, porté par son légendaire et sulfureux frontman Freddie Mercury. De l'autre, l'annonce d'un biopic, genre des plus casse gueules et ultra balisés qui soit, chapeauté par les deux derniers membres actifs du groupe (John Deacon ayant totalement disparu des radars quelques années après la mort de Mercury), et déjà une hype monumentale autour du projet qui ne s'est pratiquement jamais démentie. Entre les deux, il y a d'abord eu la valse des réalisateurs (David Fincher, Dexter Fletcher) mais aussi des acteurs (Sasha Baron Cohen que l'auteur de ces lignes considère comme le choix idéal, Ben Wishaw puis Rami Malek). Vint ensuite le temps du scandale avec les frictions entre le réal et la star principale puis le débarquement pur et simple de Bryan Singer suite à des accusations d'agressions sexuelles, le dépéchage en catastrophe d'un autre réal pour emballer ce qui reste. Tout ça pour dire que... eh bien que le film était attendu sur des charbons ardents et qu'il avait suffisamment chauffé son audience pour ne pas avoir le droit de se planter. C'est pourtant l'exploit que réussit contre toute attente ce Bohemian Rhapsody en accouchant d'une souris tant la mièvrerie du propos se la dispute à la platitude de la mise en images.


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A un moment donné du film, le manager initial des Queen leur demande ce qui différencie leur groupe de tous les autres prétendants punk-pop-rocker wannabies. Et aux membres de répondre que c'est leur irrévérence, leur volonté affichée de choquer et de transgresser les règles préétablies. Aux studios, personne ne semble cependant s'être posé la question de ce qui faisait la différence entre ce Bohemian Rhapsody et la flopée de biopics produits à la chaine par les majors. La réponse est pourtant bien là : Rien du tout. Pour un groupe aussi flamboyant, un chanteur aussi exubérant et un réalisateur considéré encore quelques années plus tôt comme un petit génie, il est proprement effarant de constater à quel point cette biographie reste dans les clous et ne fait mine à aucun moment de vouloir en sortir ni de montrer les dents, alors qu'il suffisait juste de se baisser pour tenir un aspect intéressant ou un autre de la vie du groupe. Au choix, le rapport de Mercury avec ses origines indiennes, son rapport avec l’image dont il a rapidement su intégrer le pouvoir et tiré profit, la place du groupe dans le paysage rock des 70’s, ère androgyne par excellence, les concerts controversés du groupe en Argentine, en pleine dictature militaire ou encore celui en Afrique du Sud en plein apartheid… Autant de sujets que le film préfère au mieux survoler, au pire complètement ignorer. L’intention ici est claire : faire dans l’ultra bright pour ne pas bousculer l’image du groupe.


Et au film d’enquiller les clichés en suivant à la lettre le canvas des biopics mille fois vus : la formation du groupe, le succès fulgurant, la crise et l'errance de sa star pour, au final, une flamboyante rédemption publique. Passages obligés certes, mais qui à force d’être convenus en deviennent souvent ridicules (les meilleurs tubes de Queen on été écrits en 2-3 minutes, Mercury pleure en écrivant ses textes tellement ils sont beaux, l’annonce de sa séropositivité accueillie par une accolade générale par le reste du groupe, Deacon qui calme une dispute en jouant les premières notes d’Another one bites the dust…).


Rien de bien grave jusque là, si ce n’est quand le film déraille sérieusement en abordant le cœur du sujet -à mon sens- : l’homosexualité de Freddie Mercury. Il est de notoriété publique que, sans l’avoir pleinement revendiquée, Freddie Mercury a totalement assumé son homosexualité, en a joué et est devenu le symbole même de l’hédonisme sexuel post-60’s (et de ses excès). Voilà pourquoi il est d’abord étrange de voir avec quel manque de finesse ce sujet est amené dans le film - un camionneur grassouillet et barbu faisant un clin d’oeil conspirateur avant d’entrer dans les chiottes pour hommes- puis carrément révoltant d’assister au traitement qui lui est réservé tout au long du métrage. A peine avouée, son homosexualité est présentée comme un fardeau, voir une malédiction portée par le chanteur. Le personnage interprété avec beaucoup de talent par Rami Malek devient ainsi un gay honteux à la débauche triste et tout ce qui a trait à cette homosexualité est assimilé à un égarement, un déraillement dont il ne sera sauvé que lorsque Mary- son Love of His Life- l’implorera de revenir vers le droit chemin et de retrouver sa famille/son groupe. Le film essaie bien de redresser la barre vers la dernière ligne droite en racontant maladroitement la rencontre Mercury et Jim Hutton (un gay discret, donc acceptable) mais le mal est fait.

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Il ne reste plus alors à Boheman Rhapsody que de se rabattre sur la performance forcément remarquable de Rami Malek et de dérouler une bande son forcément sensationnelle ainsi que de money shots nécessaires filmant les différents concerts dont le fameux Live Aid de 85. Loin d’être le biopic ultime espéré, convenu, lisse et bien sage, c’est un film profondément inintéressant qui flirte avec la trahison pure et simple d’une icône complexe et adulée. Une belle occasion manquée.   



Atef Attia 


Ps: Vous pouvez lire la chronique de toute la discographie du groupe sur mon blog musical, ici. 


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