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Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

19/01/2016

The Hateful Eight (2016)




Quelques années après la guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth fait route vers la ville de Red Rock où il doit livrer à la justice sa prisonnière, Daisy Domergue. Ils rencontrent sur la route le major Marquis Warren un ancien soldat de l'Union devenu lui aussi chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Alors qu'ils sont surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans un relais de diligence où se trouvent déjà quatre autres personnes : Bob, qui s'occupe du relais en l'absence de la propriétaire, Oswaldo Mobray, le bourreau de Red Rock, le conducteur de troupeaux Joe Gage, et le général confédéré Sanford Smithers. Coincés par la tempête, les huit voyageurs vont s'engager dans une série de tromperies et de trahisons.

Western. Salopards. L.Jackson.  Pellicule 70 mm Super Panavision. Fuite. A bas Disney. Piratage. Ennio Morricone. Trois heures plus entracte. Bienvenus dans le 8ème film de Quentin Tarantino. 

Les 8 salopards revient de loin. Annoncé en grandes pompes dans la foulée de Django Unchained, le projet est presque tué dans l’œuf après la fuite d'une première version du scénario. S'ensuit une belle gueulante du Quentin qui, du coup, décide de sortir le foutu script en bouquin, puis se ravise : le film sera réécrit et tourné. Et heureusement. Film somme d'un enfant terrible du cinéma, adulé tout autant qu'haï pour exactement les mêmes raisons, les 8 salopards arrive donc précédé d'une hype disproportionnée -qui prend de plus en plus d'ampleur à mesure que le compte à rebours vers la fin de carrière annoncée du cinéaste touche à sa fin-. Forcément, ce n’est pas le chef d’œuvre attendu. Tant mieux aussi, car la notion de chef d’œuvre est devenue très relative au vu des trois derniers métrages de Tarantino à un point qu’il est devenu presque hérétique de critiquer les excès et les défauts d’Inglorious Basterds ou de Django Unchained, qui pourtant n’en manquent pas. Bien qu’il continue de s’aventurer sur les terres de son Django, les 8 salopards est aux antipodes de celui-ci, ne partageant avec lui que le genre : Plus intimiste, plus sombre, moins self-aware, moins pétardant, il n’en demeure pas un pur film de Tarantino : Exigeant, ludique, ultra-référentiel, somptueusement écrit et filmé et merveilleusement interprété.

Les 8 salopards s’inscrit dans la deuxième phase de la carrière de Tarantino. Une phase plus politisée amorcée par Inglorious Basterds où il s’était mis en tête de revisiter l’Histoire à sa façon. Par un tour habile d’écriture dont il a le secret, empruntant autant au cinéma qu’à la littérature pour déconstruire son récit afin de mieux l’enrichir, c’est l’histoire de l’Amérique post-esclavagiste qui nous est ici contée, pansant ses plaies encore purulentes et entamant avec prudence le chemin de la réconciliation. L’allégorie est peut-être simple, mais elle est redoutable : Cette mercerie où se déroule l'action n'est autre que l'Amérique  où sont forcés de cohabiter un noir, une femme, un mexicain, un vieillard et un anglais/colon. Ce dernier ira même jusqu'à suggérer de "diviser" la mercerie en deux, l'est et l'ouest, et même une zone neutre de non agression. Notez aussi que les propriétaires de cette auberge ont mystérieusement disparu, un peu comme les indiens du territoire US. Si ces conflits trouvent leur sens en 1860, leur écho raisonne de façon particulière quand on se souvient des récentes émeutes raciales de Ferguson et Baltimore. Pour la première fois dans sa filmo, Quentin Tarantino semble plus impliqué dans le message de son film, voulant commenter directement dessus via l’insistance –un peu trop lourde- sur la fameuse lettre d’Abraham Lincoln. S’il n’est pas question de parler de  « maturité » pour Tarantino, son huitième film est peut-être le plus « conscient », ce qui explique peut-être sa noirceur et son nihilisme vertigineux.

En dehors de son immense richesse thématique, les 8 salopards est bien évidemment un bon gros moment de pur cinéma comme sait en faire le Tarantino, pour qui générosité et démesure vont souvent de pair. Car après tout, qui aurait idée d'utiliser du 70mm super panavision pour filmer un huis-clos ? Tarantino. John Ford doit se retourner dans sa tombe. Même si cette idée sent le caprice mégalo, l'on est forcés de constater l'impact certain qu'elle a sur le film : sa caméra est un œil omniprésent, qui voit tout dans les moindres recoins- ou en tout cas ce que veut bien nous montrer le réalisateur- ça requière une parfaite minutie de la part des acteurs, se répartissant ainsi sur un véritable échiquier et contraignant le spectateur à être tout le temps aux aguets, exactement comme le sont les protagonistes. La largeur du cadre semble de plus écraser ces personnages et accentue le climat d'oppression et de paranoïa, ne leur laissant le choix de se mouvoir que vers la droite ou la gauche sans aucune échappatoire possible. Il convient ici de saluer la gestion impeccable du huis-clos, exercice casse-gueule s'il en est. Il n'en est pas à son coup d'essai puisque ces huit salopards là renvoient à  huit autres qu'il nous avait présentés en 92 dans Reservoir Dogs, auquel on pense évidemment beaucoup notamment grâce à la présence de Tim Roth et Michael Madsen. 

Comme toujours, le cinéma de Tarantino est ultra référencé mais cette fois-ci, les inspirations sont étonnantes. S'il est question de Western, on est bien plus dans l'univers d'un Sergio Corbucci que d'un Sergio Leone, notamment  son Le Grand Silence auquel on pense beaucoup : Le grand blizzard, protagonistes afro-américains, un salopard d'antihéros et un ton résolument sombre. Un Corbucci, mais qui aurait flirté avec un Hitchcock tant ce 8 Salopards présente toutes les caractéristiques d'un whodunnit des plus classiques, une sorte de dix petits nègres au Far West, le tout sur une partition géniale du grand maître Ennio Morricone. On craignait que l'association Morricone-Tarantino donne lieu à un score grandiloquent et pasticheur, il n'en est rien: sa musique est racée, démiurge et instille une ambiance parano proche de celle de The Thing -sans pour autant l'égaler ceci dit- achevant de faire de ce film une expérience aussi réjouissante qu'atypique.           


Cluedo sanglant au milieu de la neige, tour de force aussi bien sur le plan narratif que cinématographique, les 8 salopards est un pur régal, généreux en tous points de vue. S'il n'est pas exempt de défauts- les longueurs et redondance sont légion- , il marque cependant le retour de Tarantino à la rigueur qui caractérisait ses premiers succès où la forme était sans concessions au service de la forme.     

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