Deux employés d'un entrepôt de fournitures médicales libèrent accidentellement un gaz toxique d'un conteneur militaire stocké dans la cave depuis la fin des années soixante et censé ramener les morts à la vie. Le produit ayant également réanimé un mort dans la chambre froide du bâtiment, ils utilisent l'incinérateur du crématorium du cimetière voisin pour se débarrasser du mort-vivant…
Véritable
artisan du cinéma fantastique ou il a roulé sa bosse pendant près de 40 ans,
Dan O’Bannon signait en 1985 un petit bijou d’horreur et d’humour potache,
perçu comme un bras d’honneur au monopole zombiesque de Romero. Le film
contribua à rendre immédiatement les morts vivants sympathiques tout en
repensant les codes du genre zombie qui depuis, court dans tous les sens, est
capable de faire preuve de ruse mais surtout crie à tue-tête la réplique
mythique : Brains ! Braaaaaains !!
Connu
principalement pour ses talents de scénariste, O’Bannon se fait ses premières
armes avec un pote de l’école de cinéma, un certain John Carpenter. Ensemble
ils tournent Dark Star en 1974, bijou SF devenu un culte instantané et
considéré par beaucoup comme l’ancêtre d’Alien. Qu’à cela ne tienne,
O’Bannon fera aussi partie des scénaristes de ce même film puis enchainera
d’autres pépites SF comme Total Recall ou Life Force. Pourtant
l’homme les ambitions de l’homme se trouvent plutôt derrière la caméra sans
pour autant trouver l’occasion de concrétiser son rêve. Ce sera chose faite en
85 lorsqu’on lui propose le script de ce Retour des morts-vivants, conçu
à la base comme une suite directe de la nuit des morts-vivants de
Romero. Ayant des scrupules à se frotter de façon aussi directe avec le maître
et ayant sa propre vision de ce que devrait être le film et demande alors la
permission d’en remanier le scénar’. S’il en garde les grandes lignes, O’Bannon
décide de se départir grandement du modèle et de proposer une vision plus
ancrée dans l’esprit 80’s et donc volontairement plus portée sur la comédie
horrifique. Une idée de génie.
Le
film démarre avec panneau d’avertissement : Ce film se base sur des
évènements réels, les noms des villes et des personnages n’ont pas été changés.
Difficile de faire plus fort dans la déconne. Exit le sérieux et la gravité des
Roméros, ce Retour des Morts-Vivants sera furieusement drôle et speedé dans la
plus pure tradition des comédies 80’s. A la lenteur lancinante des zombies vus
jusque là, O’Bannon oppose un style effréné, des dialogues percutants, des
personnages hors norme, un humour noir et radical et même un score en synthés.
Une véritable bouffée d’air frais dans un genre déjà devenu balisé. C’est à
partir de là que la représentation la plus fameuse du zombie agité et bouffeur
de cerveaux s’est définitivement ancrée dans l’inconscient collectif. L’autre
singularité du film est surement sont côté méta puisqu’il semble self aware :
on se souviendra ainsi de ce clin d’œil appuyé à La nuit des morts vivants
lorsque l’un des personnages principaux affirme que ce métrage est basé sur un
fait divers réel qui a eu lieu pas loin.
Le retour
des morts-vivants n’en oublie pas pour autant le buisines, et côté horreur nous
sommes servis. Abondamment. Les zombies ont beau être drôles, ils ne sont pas
là non plus pour rigoler et quand il s’agit de bouffer du bulbe rachidien, ils
sont nettement moins maladroits. Ainsi, le film est super généreux en
hémoglobine, en éviscérations, en décapitations et dépeçages en règle dans un
jeu de massacre jouissif. Le point culminant reste sans nul doute cette attaque
en masse d’un convoi d’ambulanciers et de flics par des zombies affamés et dont
l’un se saisit d’une radio pour lancer au 911 : « Envoyez…Plus… de
renforts ». Aussi facile que de commander des pizzas et un des nombreux
exemples de l’humour féroce adopté ici. Néanmoins, sous ses airs de grosses farces,
Le Retour des Morts-vivants est un film très noir, voir nihiliste. A l’instar
des graffitis No Future qui parsèment les murs de la ville, il n’y a
aucune lueur d’espoir qui traverse le film. Contrairement à Day Of The Dead
par exemple, sorti deux ans auparavant et qui gardait foi en un avenir
meilleur, O’Bannon condamne clairement ses héros notamment via un final
expéditif et radical qui, s’il surprend grandement, confère encore plus de
force à ce métrage décidément fou, fou, fou.
Rapidement
décliné en franchise qui connaîtra quatre suites aux qualités déclinantes, ce Retour
des Morts-Vivants reste le meilleur de la série et un exemple parfait de
la comédie horrifique à petit budget, un créneau qui aura de beaux jours devant
lui grâce à Sam Raimi où encore Peter Jackson. Pour un premier essai, c’est un
coup de maître.
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