Detroit sombre de plus en plus dans le chaos et la confusion. Alors que la police se met en grève, une nouvelle drogue appelée Nuke déferle sur la ville et provoque une vague de violence sans précédent. Un seul flic, RoboCop, semble capable d'enrayer le processus. Mais dans l'ombre, un autre cyborg se prépare à mettre en pratique son unique directive : éliminer RoboCop...
Après le succès monumental du premier épisode, ce n'était qu'une
question de temps avant que la franchise Robocop ne soit officiellement lancée
(pour le meilleur et pour le pire) avec ce deuxième épisode -appelé sobrement Robocop 2- qui ne réinvente
rien mais a le mérite de surfer habilement sur le succès du modèle original et
de mettre à profit un ''how to'' encore tout chaud laissé par Verhoeven.
Le résultat est forcément inférieur au premier mais reste un divertissement SF
hautement recommandable.
Il y a une raison pour laquelle Terminator,
l'autre robot emblématique des 80's, n'a eu de successeur que huit ans plus
tard: James Cameron avait préféré laisser le temps au temps pour proposer une
suite à forte valeur ajoutée tant sur le discours que sur la forme (et il y
arriva avec un succès fracassant). Les producteurs de Robocop 2 n'ont
visiblement pas eu autant de scrupules et affichent clairement leurs
considérations opportunistes. Exit Paul Verhoeven, parti consolider sa
réputation de trublion fou avec Total
Recall sorti la même année,
et place à Irvin Kerchner (dont ce sera le dernier film) un yes man malléable à
souhait et qui n'a pas trop à rougir de sa filmographie (il restera pour tous
le réalisateur de ''L'empire Contre Attaque''). Ce dernier, bien
conscient de la difficulté de succéder à une œuvre culte, s'attelle pourtant
avec hardiesse à la tâche en livrant un produit savamment calibré entre humour
noir et action bourrine qui, à défaut de rester dans la mémoire collective,
remplit bien son cahier de charges et ravira un large public.
Peter Weller, qui rempile dans les bottes de la machine flic,
raconte qu'il a été agréablement surpris que les responsables des effets
spéciaux aient changé la composition de son armure par de la fibre de verre,
plus légère et plus confortable que l’ancienne. A l'image de cette anecdote, on
constate d'emblée que ce deuxième épisode n'est pas non plus fabriqué du même
alliage que son modèle. Si le film de 87 était un film de cinéaste, la mouture
90 est indéniablement un film de Studio, les producteurs ayant la main mise et
le dernier mot sur le moindre détail. Frank Miller en sait quelque chose
puisqu'il s'est vu charcuter sans ménagement la quasi totalité du script qu'il
avait écrit. Jugée ''infilmable'', sa version sera systématiquement expurgée de
tout ce qui pourrait choquer ou même fâcher quiconque. Ainsi, l'on supprimera
tout ce qui pourrait interférer avec l'action pure comme ces considérations psychologiques-
pourtant l'un des points forts du premier- où Murphy se débat avec ses
réminiscences humaines. Ici Robocop sera juste une machine et l'on ira même
jusqu'à le caricaturer à outrance pour en faire un boy scout limite mongol. On
n'en fera pas non plus des tonnes avec les messages subversifs, juste le
nécessaire genre: ''La drogue, c'est dégueulasse'', ''La violence, c'est pas
cool", ''les Politcard, tous des ripoux" afin de ne pas trop causer
de crampes du cerveau. Par contre, on gardera les petits spots Tv satiriques,
parce que les spots Tv satiriques, c'est satirique. Et c'est drôle.
Robocop 2 s'avère donc être une
contradiction: D'un côté il sonne plus creux que son modèle puisqu'il n'en
garde que la coque et en arrondit les angles au possible, mais en même temps,
il pousse encore un peu le bouchon dans l'outrance faisant du film une farce
féroce et sauvagement jouissive. Il n'y a qu'à voir la tronche des méchants,
une belle brochette d'enflures ''over the top'' avec en tête un Tom Noonan qui
s'amuse visiblement beaucoup dans les pans du Gourou Cocainé ''Caine'' -qui se
fera par la suite ''Uploader'' dans la machine R2- mais surtout ''Hob'' son
sidekick mémorable, enfant pas plus haut que trois pommes à la gueule d'ange
mais un saloupiot de première qui n'hésite pas à dézinguer à tour de bras et à
reprendre à son compte un gros cartel de drogue. L'une des scènes chocs du film
étant justement celle ou il désosse méticuleusement notre Robocop avant de
foutre ses ''pièces détachées'' devant le commissariat de police. D'autres
scènes aussi foutraques jalonnent ce deuxième épisode et le film s'avère
finalement très généreux en fun et en castagne. Irvin Kerchner, même s'il est
loin du génie de Verhoeven est un vieux briscard qui en a dans le pantalon et
très souvent, ça balance du lourd: la course poursuite avec Robocop en moto qui
se prend un poteau dans la face, le ''Casting'' de cyborgs qui tourne mal, la
fusillade dans l'entrepôt désaffecté... Le moment fort restera sans aucun doute
une dernière demi-heure qui mettra en avant le combat titanesque des deux
machines dans un carnage hallucinant et très réussi -même si aujourd'hui la
Stop Motion fait un peu daté. Bref, du très bon spectacle solidement
orchestré.
Tout comme l'armure de Robocop, autrefois gris sale, ici bleu
métallisée, cette deuxième mouture de la franchise est bien symptomatique des
''suites'' hollywoodiennes. Respectant la règle du ''Bigger & Louder",
Irvin Kerchner ne se dégonfle pas devant la teneur de la responsabilité et nous
gratifie d'un film super divertissant, hyper fun, outrancier dans sa violence
graphique et qui en donne au spectateur pour son argent, mais qui
malheureusement oublie les fondamentaux de son modèle et en dilue la substance
jusqu'à évaporation complète, empêchant ainsi une totale adhésion au
film.
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