Slide # 1

Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

15/03/2012

(خشخاش (2005

Suite à un accouchement douloureux, Zakia, jeune femme de la bourgeoisie tunisioise, devient dépendante de la plante de Khochkhach (pavot) que sa mère lui administre pour calmer ses douleurs. Après des années de lente descente dans l'enfer de la dépendance, elle rencontre, dans un asile d'aliénés, Khmaïs auprès de qui elle redécouvre le goût d'aimer et de vivre.

Salma Baccar reste fidèle à elle même en réalisant ce poignant portrait de femme tunisienne, libre dans sa tête mais en proie au poids des coutumes et traditions dans un contexte politico-social en pleine ébullition. Elle même première réalisatrice femme à avoir sauté le pas en 1975 avec son docu-fiction Fatma, elle sait mieux que personne les efforts et sacrifices qu'il en coûte à chacune pour suivre son chemin en dehors des routes balisées par une société pas toujours indulgente envers les fortes têtes.


Dans ce خشخاش , le prix à payer est très très cher puisque l’héroïne du film, campée par l'immense ربيعة بن عبد اللّه devient peu à peu dépendante de  la fleur de pavot et s'en suit une longue descente en enfer à mesure que tous ses repères s'effritent et que sa raison la déserte. C'est là un pari osé de la réalisatrice qui s'attaque de front à un tabou très peu (ou pas du tout à ma connaissance) traité dans le cinéma tunisien. Comme à l'accoutumée, le film a déclenché une polémique retentissante, bizarrement non pas pour la dépendance, mais pour le mariage arrangé de l’héroïne. Plus précisément, Zakia se trouve obligée d'épouser un homme dont elle apprendra par la suite l'homosexualité. Chose qui à fait que le film soit à tort considéré comme traitant justement de cet aspect là. J'aurais beaucoup aimé que ce soit la cas, mais il n'en est rien. L'homosexualité ici n'est tout juste qu'un prétexte pour souligner la détresse du personnage principal, le poids des traditions dans la société et l'une des raisons qui vont la faire plonger dans l'enfer des psychotropes. La réalisatrice n'est visiblement pas trop intéressée par ce sujet et n'a pas jugé utile pour son film de développer un peu plus le personnage du mari campé par  رؤوف بن عمر. Dommage, mais peu importe. Ici la priorité est à ce portrait de femme et le tableau brossé par سلمى بكّار est bouleversant.

D'emblée, le ton est donné par le choix de commencer le récit directement là ou a fini Zakia suite à ses déboires: dans un asile d'aliénés. Et d'emblée le spectateur ne se fait pas d'illusions sur la chose, cette dépendance est destructrice et elle est payée au prix fort. La narration se fait aussi en flash back, ce qui permet de mettre le personnage principal au même niveau que le spectateur, les deux n'en savent pas plus l'un que l'autre et c'est au fil des ses réminiscences que l'on se fera une idée sur elle: Ce qu'elle a enduré pour en arriver là, sa lente descente aux enfers et tout ce qu'elle a perdu en route, le tout montré avec brio par la réalisatrice qui aligne des scènes chocs, loin des clichés et sans aucune complaisance envers son actrice. ربيعة بن عبد اللّه comme à l'accoutumée donne toute la dimension humaine à son personnage, sans le rendre sympathique pour autant confirmant son talent incommensurable et son statut à part dans la scène cinématographique tunisienne. Il faut voir cette scène à la plage ou Zakia, entourée de vagues, le regard perdu, sous l'oeil réprobateur de ses proches, elle ingurgite à grandes lampées son maudit breuvage, pour ne point douter que ce qu'il y a dedans est une drogue, et qu'elle n'en est pas à sa première expérience.
Pourtant au milieu de toute cette désolation, c'est bel et bien l'espoir qui est mis en exergue à mesure que Zakia reprend gout à la vie, grâce à sa curieuse relation avec un aliéné au passé aussi troublé que le sien.

Bien sur le film souffre de quelques lenteurs et n'échappe pas à certains clichés qui viennent jeter une ombre sur le résultat final. Rien que le personnage de la belle mère est d'une telle prédictibilité que ça en devient embarrassant pour le scénariste. Je regrette aussi le traitement réservé aux aliénés dans le film qui, semble-t-il sont là uniquement pour servir de prétexte comique. Il faut voir la performance de ليلى الشابي pour s'en convaincre. L'autre faiblesse que j'ai noté est celle du personnage de خميس qui aurait lui aussi gagné à être plus développé, surtout que c'est lui qui sert de catalyseur pour zakia et lui qui va l'aider à se remémorer les fragments de sa vie déconstruite, puis retrouver sa paix intérieure. C'est l'accumulation de ces manquements qui font perdre au film beaucoup de sa force. On sent une retenue désagréable dans le développement du sujet (peut être par peur de trop choquer) qui par moments ont risqué de tuer tout l'attrait du film et le vider de toute sa substance.
خشخاش, malgré ses carences constitue une oeuvre puissante et un très beau portrait de femme, fait par l'une des rares femmes réalisatrices du pays.







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