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Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

24/02/2016

The Revenant (2016)




Dans une Amérique profondément sauvage, le trappeur Hugh Glass est sévèrement blessé et laissé pour mort par un traître de son équipe, John Fitzgerald. Avec sa seule volonté pour unique arme, Glass doit affronter un environnement hostile, un hiver brutal et des tribus guerrières, dans une inexorable lutte pour sa survie, portée par un intense désir de vengeance.



Il n'aura pas fallu attendre longtemps pour voir sur les écrans un nouveau film d'Alejandro González  Iñárritu. Alors qu'il avait jusqu'ici pris son temps pour sortir un film tous les trois, quatre ans, son The Revenant débarque pile un an après l'acclamé -et oscarisé- Birdman. Ce dernier ayant largement donné matière à débats sur ''le cas Iñárritu'' mais au final reçu les faveurs de la critique, il en sera peut-être autrement pour celui-ci qui exacerbe tous les travers relevés sur Birdman et ainsi, divise encore plus public et critique. Décryptage.  

The Revenant était initialement prévu avant le tournage de Birdman puis décalé pour des raisons de planning. Aurais-ce été le même film s'il avait été tourné comme prévu ? Pas sûr, car les deux films présentent les mêmes similarités formelles, poussées à un paroxysme que l'on n'aurait jamais soupçonné à la vision de Birdman. La filmographie toujours aussi folle d'Iñárritu appelait déjà à la grandeur, mais c'est suite à une rencontre décisive qu'elle prend une tournure aussi étonnante qu'ambitieuse : celle avec le directeur de la photographie Emmanuel Lubezki, fidèle collaborateur de son compatriote Alfonso Cuarón, mais aussi de Terence Malick. L'inspiration du film lorgne d'ailleurs clairement vers ce dernier -même si elle est ici radicalisée- tout en trouvant très logiquement sa place parmi les parcours doloristes dépeints par Iñárritu jusqu'ici. Car oui, The Revenant c'est ça, un chemin de croix sublime, hallucinant et jusqu'au-boutiste d'un homme bouffé par la soif de vengeance. Il convient de le rappeler d'autant plus que le film a beaucoup pâti d'une promotion lourdingue axée sur les déclarations mégalomanes d'un Iñárritu auto-proclamé Dieu de la pellicule sur les témoignages de DiCaprio sur le ''tournage le plus éprouvant de toute sa carrière''. Et pourtant il a bossé avec James Cameron sur Titanic. 

L'histoire de
 The Revenant est donc aussi simple que cela. Iñárritu ne s’embarrasse d'ailleurs d'aucun artifice scénaristique -mis à part des flashbacks mystiques franchement énervants- et préfère laisser parler la mise en images. Tout comme pour Birdman, Iñárritu shoote son histoire en plan séquence virevoltant et enquille d'entrée de jeu les scènes chocs pratiquement sans temps morts avec une virtuosité qui n'est plus à prouver. Exit la comédie -et donc la légèreté- du précédent. Dans cet anti-western enragé, le réalisateur nous plonge tête la première dans la sauvagerie la plus totale, sa caméra collant au plus près de ses personnages et faisant fi des lois de la physique. S'il est inutile d'en faire ici l'inventaire –les scènes coup de poing sont nombreuses et épiques- il convient tout de même de constater à quel point la démarche d'Iñárritu interpelle. Car The Revenant est certes une merveille de tous les instants, mais sans une finalité particulière, une raison à cet étalage de virtuosité, l'entreprise ne vire-elle pas au simple exercice de style tournant à vide ? Bien sur, le film s'inscrit dans un genre particulier, le survival doublé d'un revenge movie et en tant que tel, il n'est pas tenu de fournir de raison autre que le divertissement - bien que le Délivrance de John Boorman, le Sans retour de Walter Hill et même le Rambo de Ted Kotcheff contrediront aisément cette thèse-. Sauf que quand on déploie autant d'ingéniosité dans la forme et avec autant d'insistance, l'on ne peut que questionner la démarche d'Iñárritu. Ce doute est particulièrement mis en exergue par l'indifférence affichée pour l'arc narratif dévolu aux Indiens, pourtant catalyseur dans l'histoire qui nous est contée. Leur quête de la fille enlevée de leur chef de tribu est ainsi vaguement mentionnée et traitée en arrière plan, presque comme un dommage collatéral, au profit de la souffrance sans bornes du trappeur Hugh Glass. Ainsi donc, The Revenant se positionne comme le parfait anti-Birdman, qui lui, s'inscrivait dans une réflexion globale de la situation d'artiste au sein d'une industrie cinéma cannibale.  C'est beau mais c'est long, éreintant et le film aurait gagné à être plus resserré et moins… gratuit.

Nous avons évoqué plus haut la filiation évidente de
 The Revenant avec les films de Terence Malick, dont le fantôme de son Nouveau Monde n'est pas loin. Pourtant, il existe une différence fondamentale entre les deux: là où les films de Malick sont une ode à la nature et au rapport du terrestre au céleste, celui d'Iñárritu ne sublime jamais la nature. Il en fait un personnage à part entière aussi meurtrier et létal que les autres et sa laideur vénéneuse n'est que le reflet de leurs démons intérieurs. De ce fait, les tentatives par le réalisateur d'en rajouter dans le mysticisme parasitent l'ensemble et tombent dans le ''à la manière de...''. Pour finir, il convient de réparer quelques graves injustices, la première étant de ne pas avoir suffisamment rendu grâce au travail magistral du chef opérateur Emmanuel Lubezki, y compris par Iñárritu lui même. Rien de tout ce que nous voyons à l'écran n'aurait été possible sans son apport. Sa maîtrise de l'image n'est plus un secret depuis des années, elle atteint ici un sommet de perfection et fait de ce film une expérience visuelle hors-normes. L'autre injustice a trait au casting. Leonardo Dicaprio n'a jamais autant été trollé que pour son rôle de Hugh Glass et vu comment se présente la saison des récompenses, il est en bonne voie de remporter enfin celle qui lui manque, celle du bon vieil oncle Oscar. L'on n'ira pas jusqu'à dire qu'elle n'est pas méritée, cependant nous regretterons que sa prestation se situe clairement dans la ''performance à Oscar'' et qu'elle manque cruellement de nuance - à l'image de tout le film d'ailleurs-. Nul doute que l'acteur a mouillé sa chemise -littéralement- mais il est difficile de déterminer si c'est le fruit d'un travail d'acteur, de la conséquence des conditions extrêmes de tournage ou du résultat d'une direction d'acteurs particulièrement aiguisée -très peu probable pour la dernière-. Toujours est-il que seul le temps fera apprécier ou pas cette performance à sa juste valeur. Enfin, dernière injustice et pas des moindres, celle d'avoir occulté le mérite du reste du casting, que ce soit celle de Will Poulter, de Domhnall Gleeson -qui est entrain de se bâtir une filmo des plus solides- ou encore celle de Tom Hardy, proprement saisissante et dont on parle finalement très peu. Intense, minimaliste, hypnotique et surtout profondément humaine, c'est indéniablement un atout majeur de la réussite de l'ensemble.

The Revenant est indéniablement l'un des plus beaux films de ces dernières années mais pour autant pas le chef d'œuvre définitif du genre. La faute à l'égo cannibale de son réalisateur qui ne laisse aucune place ni à un recul salvateur ni à une once de discernement. Porté par des acteurs au firmament de leur art, visuellement somptueux mais hélas dénué d'une réelle profondeur, il vaudra peut-être à son auteur le titre du meilleur technicien de la décennie, mais surement pas celui du meilleur cinéaste de tous les temps. Ce n'est déjà pas si mal. 


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