Le hacking de la Chicago Board of Trade provoque une réaction de chaîne dans le monde qui plombe les marchés boursiers mondiaux. Le code informatique utilisé a été écrit par un pirate informatique, qui purge actuellement une peine de prison… Ce dernier est donc libéré s'il accepte de collaborer avec le FBI et le gouvernement chinois pour démasquer le coupable de cette attaque informatique.
Voilà six ans que Michael Mann n'a plus donné signe de vie,
laissant sa fan base en plan avec un Public
Enemies au gout désagréable.
Sachant que son Miami Vice n'avait pas non plus convaincu, on sentait
l'homme fatigué, tombant dans la redite et atteignant les limites dont il
s'était pourtant joué jusque là. C'est dire si l'attente de son nouveau projet
était attendue avec fébrilité. Thriller contemporain, sujet dans l'ère du temps
avec en vedette un acteur belle gueule très en vogue, Hacker sera-t-il le retour du Mann incarné
?
Il est jubilatoire de voir Michael Mann retourner
aux fondamentaux, le thriller pur et dur. N'en déplaise à certains - y
compris à lui même-, c'est ce qu'il fait de mieux. Auteur de plusieurs bijoux
dans le genre, qu'il serait long et vain d'énumérer, il n'a eu de cesse de
redéfinir les codes du genre jusqu'à atteindre un degré presque expérimental
avec Collatéral ou Miami
Vice. Seulement voilà, les échos outre atlantiques étaient loin d'être
rassurants, voir même franchement hostiles, le film s'étant fait démolir en
règle aux USA ou il est sorti en début d'année. Foudres de la presse,
indifférence du public, Mann a-t-il raté son retour ? Est-il vraiment au
crépuscule de sa carrière ? Si Hacker est loin d'être la catastrophe
annoncée, il faut bien reconnaître qu'il n'offre rien de nouveau et
souffre globalement des mêmes faiblesses des deux derniers métrages de son
réalisateur. Pire encore, à de très nombreuses occasions, le film tend
le bâton pour se faire battre.
Au vu de la richissime filmographie du réalisateur, Hacker
est sans aucun doute son film le plus mineur et le moins ambitieux. Coscénariste,
Mann nous propose une formule rabâchée de l’expert qu'on
sort de taule lorsque les autorités sont au pied du mur. Répétitive mais
bien rodée, la trame tient à peu près ses promesses et enquille un à
un les clichés jusqu'à plus soif et sans sourciller. C'est ce scénario sans
surprises qui constitue le gros problème de Hacker et provoque une
grande frustration. Bancal est le terme qui s'impose car finalement cette
chasse à l'homme à l'intrigue globe trotteuse revêt tous les poncifs de
n'importe quelle Jamesbonderie: on voyage beaucoup, on utilise beaucoup de
technologie pour démêler ce qui se trame, on cite
quelques événements réels pour ancrer le tout dans un contexte
actuel et surtout on rajoute une romance exotique totalement fonctionnelle - à
l'instar de celle de Johnny Depp et Marion Cottillard ou Collin Farell et Gong
Li, une constante chez Mann-. Le tout aurait pu passer sans
trop d’accrocs si ce n'est que le film dure deux heures quinze
et qu'il souffre énormément de baisses de régimes. Le spectateur a vite fait de
trouver ça chiant et décroche peu à peu, surtout qu'on ne fait rien pour nous
rendre sexy ou accessibles les pratiques informatiques qui ponctuent ce film.
Chris Hemsworth a beau être charismatique, ce n'est pas évident de le regarder
fixer un pc et taper des codes obscurs sur portable.
Si Hacker sort du lot c'est avant tout grâce à son
esthétique. Et à ce titre, le film est un pur film de Michael Mann. Les fans du
réalisateur se sentiront en terrain familier, y compris dans ses thèmes si
chers abordés de façon presque obsessionnelle : Les personnages
borderline, professionnels dans un domaine donné - Flics, braqueurs,
profileurs, journalistes, hackers- prêts à tout laisser en plan à la seconde si
le jeu n’en vaut plus la chandelle... Cette fascination hypnotique du mal qui
finit souvent par contaminer celui qui la subit... Comme toujours Mann filme de
très très près ses acteurs, s'attarde sur leur traits et saisit leur
ambivalence -encore une fois, Hemsworth surprend par sa présence à l'écran-. On
ne s'étonnera pas non plus de constater que la majorité des plans est filmée de
nuit avec multiplication des plans aériens. Loin d'être purement frimeuses
-suis mon regard Night Call,
ces procédés instaurent un climat hypnotique mais délétère et accentuent la
sensation de danger palpable et omniprésent -un seul clic suffit à cramer une
usine nucléaire, par exemple. Et puis, un film de Mann n'en serait pas vraiment
un s'il n'y avait pas ces scènes d'actions chocs dont il a le secret. Hacker est à ce propos assez généreux en
fusillades maousse costaud, rigoureusement chorégraphiées à la limite
de l’impressionnisme -à l'image d'un final d'une beauté esthétique
étonnante- et où les tirs sont experts et les balles font mal, très mal.
Qu'importe alors l'incohérence de certains aspects, notamment dans la
caractérisation radicale du personnage principal: si Mann apporte un soin
particulier au réalisme du sujet qu'il traite, ce n'est pas le cas de son héros
qui lorgne plus vers une dimension fantasmée du hacker que d'un portrait plus
terre à terre. Hemswoth sera donc impeccable de bogossitude même détenu dans
une prison chinoise et aussi expert dans le maniement des claviers que dans le
cassage de gueules et les armes à feu. "Oui mais c'est tellement bien
fait'' rétorquerons les aficionados de maître Mann.
Ce n'est clairement pas avec Hacker que Michael Mann
signera son retour en grâce dans le panthéon des grands réalisateurs de
l'histoire du cinéma. Trop occupé à soigner l'esthétique de son film
-visuellement très beau-, il en oublie de soigner son scénario linéaire, souvent
confus et à la limite du rébarbatif. Un exercice récréatif en somme qui
pourrait augurer d'un prochain retour en force comme il pourrait constituer une
preuve supplémentaire du déclin artistique de Michael Mann.
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