Slide # 1

Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

24/05/2012

Fausse Note (2012)


''Fausse Note'' marque un tournant important dans le paysage cinématographique tunisien en abordant de front et de façon ouverte et décomplexée le registre du film noir. Si l'essai n'est pas nouveau dans notre cinéma (on se souviendra peut être, ou pas, de ''Odyssée'' de Brahim Babay en 2003 ou encore ''Kelmet Rjèl'' de Moez Kammoun en 2004) c'est tout de même la première fois que l'ambition d'aller jouer sur le terrain des grands est aussi clairement affichée, qui plus est, par un tout jeune réalisateur touche à tout, Majdi Smiri.

Un tournant donc, qui vient emboîter le pas à une certaine mouvance dans notre cinéma (qu'il serait encore prématuré d'appeler Nouvelle Vague) amorcée par de jeunes réalisateurs et réalisatrices qui tentent d'offrir des produits cinématographiques alternatifs, affranchis des schémas conventionnels usés jusqu'à la corde et dont le but premier est avant tout le pur divertissement. Ceux qui me viennent immédiatement à l'esprit sont ''Les Secrets'' de Raja Amari, ''Cinecitta" de Brahim Ltayef ou encore récemment ''Histoires Tunisiennes'' de Nadia Mezni. Que ce soit dans le registre du Thriller, de la Comédie pure ou encore de la bluette romantique, chacun de ces films a tenté (en bien ou en mal) d'apporter un plus et d'injecter du sang neuf dans un cinéma qui a depuis longtemps sombré dans un bourbier auteurial soporifique. 

Porté à bouts de bras par son jeune auteur, le film nous embarque pied au plancher dans une sombre histoire de malfrats, de rapt, de chantage et de règlements de comptes. Un film noir donc, dont le réalisateur embrasse tous les codes et les retranscrit fidèlement à l'écran, visiblement nourri par d'innombrables classiques du genre qu'il a révisé (clin d'oeil à l'affiche de ''Usual Suspects'' collée dans le bureau du personnage principal). Et d'un point de vue purement formel, ''Fausse note'' est une réussite: Majdi Smiri sait indéniablement manier sa caméra, sa réalisation est innovante et constitue justement le point fort de son film. Tout est bien pensé, du générique d'ouverture, la prise de vue, aux angles de la caméra inédits (incongrus ?) en passant par toutes les trouvailles qui jalonnent l'action (Shaky Cam, Blur et surtout le Split Screen) et qui donnent du dynamisme à l'ensemble. Plus encore, le réalisateur a opté pour une narration déconstruite et non linéaire qui colle bien au ton d'urgence du film et sort des sentiers battus.   
Côté Casting, comme tout noir qui se respecte, Smiri à opté pour des acteurs ayant avant tout de la gueule, à l'image de Lotfi Zdiri, pars forcément là ou l'attendait et qui offre néanmoins toutes les subtilités d'un truand de grande renommée qui n'hésite pas à user des pires moyens pour arriver à ses fins. A ses côtés, dans un rôle ''scorcesien'' à contre emploi Dhafer L'Abidine en homme de main sadique dont la belle gueule contraste avec sa cruauté. Enfin, le maillon faible de ce trio de tête, Fares Blehassen dont le choix parait évident pour ce rôle de petit bobo dépassé par les évènements mais dont le talent d'acteur reste encore largement à démontrer et il n'a vraiment pas les épaules pour porter sur lui un pareil film. 

So far, so good. Il apparaît que ''Fausse Note'' détient toutes les cartes en main pour créer réellement la sensation. Malheureusement le réalisateur a oublié une chose importante: même si le ''Noir'' est un genre hyper codifié qui repose en grande partie sur la forme, il n'est strictement rien sans le scénario. Et sans vouloir faire de jeux de mots foireux, la vraie Fausse Note du film c'est justement son scénario: Mejdi Smiri peut avoir toutes les qualités qu'on veut, l'écriture n'en fait pas partie et par conséquent tout dans son film sonne faux. Toute l'intrigue sur laquelle repose le film est cousue de fil blanc, et à trop jouer sur les flash back/forward, le spectateur se retrouve complètement largué. C'est une chose de minimiser les informations données au spectateur pour mieux le surprendre, mais s'en est une autre que de le tenir dans le noir total. (Si je n'avais pas lu le synopsis avant la séance, je n'aurais jamais compris le rôle joué par la fille du mafieux dans son plan. Et quand je l'ai su, je n'en ai trouvé aucune trace dans le film). Les personnages eux mêmes sont creux, unidimensionnels et sans aucune profondeur. Ils ne sont pas aidés par des dialogues plats à la limite du niais et qui en rajoute des masses dans le stéréotype, du Mafioso qui ne fume que des cigares à l'homme de main si froid qu'il semble sous xanax. Tout ce beau monde se débat dans une succession de scènes chocs qui, prises séparément, suscitent l'intérêt et forcent le respect mais qui mises bout à bout ne mènent à rien à défaut d'un fil conducteur cohérent. Le coup de grâce est donné par un final qui se veut tellement énorme qu'il en devient ridicule et finit d'achever la patience du spectateur. Trop obnubilé par son envie de faire un twist digne des productions U.S (Re-clin d'oeil à l'affiche de ''Usual Suspects'' dans le bureau du héros) le réalisateur sacrifie au passage toutes les règles du bon sens au profit du spectaculaire. Une erreur de jeunesse peut être mais qui coûte très cher à son film.

Malgré tous les moyens mis en oeuvre dans ce film et son potentiel énorme ''Fausse Note'' n'arrive pas à tenir ses promesses et s’essouffle bien vite à cause d'un souci artistique tourné uniquement vers la forme au dépends du fonds. Cependant il signe l'avènement d'un cinéaste qu'il faudra suivre de près, en espérant que cette production ouvre la porte à d'autres aventures de ce genre dans notre paysage cinématographique.

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