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Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

24/08/2017

Baby Driver (2017)



Passionné de musique, le jeune « Baby » officie comme chauffeur pour plusieurs braqueurs de banques à Atlanta. Un jour, il rencontre la fille de ses rêves, Debora, qui travaille comme serveuse dans un diner. Il se dit alors qu'il peut changer de vie et quitter la criminalité. Mais Doc, son employeur, n'apprécie pas ce changement...

Too cool for school

Vingt trois ans qu'Edgar Wright trimballe son idée de ce qui sera ce Baby Driver. Le concept a germé dans son esprit en 1994 et il n'a cessé depuis de vouloir le porter à l'écran. Une première étape en ce sens est franchie en 2003 lorsqu'il réalisé le clip de Blue Song pour Mint Royale et qu'il reproduit ici en guise de clin d'œil comme scène d'ouverture pour son film. Il faut dire que comme ouverture on a rarement fait mieux. La scène donne immédiatement le ton en introduisant son personnage atypique : un jeune surdoué du volant, officiant dans le milieu du crime, vraisemblablement un peu autiste sur les bords et accro à sa playlist qui régit autant son travail que sa vie quotidienne. La mécanique est impeccable et les musiques se calquent parfaitement sur le rythme des scènes qui défilent. Cool. Voilà, le mot est lâché. Baby Driver se profile donc comme film de casse musical et décomplexé qui tente de dynamiser le genre avec son gimmick inédit -La playlist EST le film-. Et durant tout son premier tiers, il s'évertuera à nous le prouver de la plus éblouissante des façons.   


Last night a deejay saved my life

Avec son héros mutique aux lunettes noires et aux manières discrètes (impeccable Ansel Elgort et vrai deejay dans la vie),Wright convoque évidemment la figure du anti-héros emblématique du heist movie puisant ainsi autant dans le cinéma de Walter Hill (qui fait ici un caméo ''vocal'') que celui Michael Mann. Seulement, il s'approprie cette figure et la détourne de façon extrêmement originale : on est bien loin du macho, ténébreux et violent (image reprise par exemple par Nicolas Winding Refn) : le Baby du titre (B.A.B.Y, baby) est un ado tout ce qu'il y a de plus banal en apparence et, bien qu'elle soit inédite, cette figure de style n'est pas totalement étrangère à la filmographie de Wright : de Tyres O'Flaherty, livreur raver dans Spaced (la série qui a révél Wright) qui entend de la house dans tous les sons de son quotidien, à  Shaun qui dégomme les zombies sur fond de ''don't stop me now" des Queen en arrivant à Scott Pilgrim pour qui la musique devient réellement une arme pour conquérir l'amour de sa vie, il semblerait que toute sa filmographie ait été agencée pour arriver jusqu'ici. Baby serait-il alors l'alter-égo littéral de Wright ? Au vu de leurs rapport ludique, presque viscérale avec la musique, nous sommes en droit de le penser. 

Fast and hillarious

Wright mixe donc (jeu de mots, hu hu hu) toutes les références du cinéma de genre ainsi que celles de son propre cinéma pour concocter ce cocktail détonnant qu'on boit cul sec alors qu'on roule à toute berzingue  sur le siège arrière. Plastiquement, le film est ultra léchée grâce notamment au fidèle Bill Pope à la photo. En fin technicien, le réalisateur a heureusement les moyens de mettre en pratique toutes les bonnes idée qui lui trottent en tête et, à ce titre, les trouvailles filmiques sont foisonnantes, réfléchies et calibrée au millimètre. C'est aussi un auteur extrêmement talentueux et, pour son premier scénar' en solo, il truffe son métrage de dialogues exquis que n'aurait pas renié un Tarantino. Drôles et futées, les répliques fusent de part et d'autre autant que les balles pour le grand bonheur d'un ensemble cast en or massif réuni pour les besoin de film. Là aussi surfant sur les clichés usuels- Big Boss diabolique, couple de néo-Bonnie and Clyde, l'associé psychopathe, le gros bras pas vraiment fut-fut... - Wright leur donne à tous l'occasion de briller et d'enquiller les performances de haut vol (encore un jeu de mot pourri, décidément... hu hu hu). 
          


Not so fast, round boy

Edgar Wright tient donc son film d'action postmoderne ultra fun dont nous rêvons tous. Un produit de pop culture par excellence.  Pourquoi se croit-il alors obligé de se lester d'un bagage psychologique qui plombe le rythme et alourdit le propos ? 
Comme s'il avait eu peur de voir taxer sa démarche de gratuite, ou vaine, Wright insiste très tôt dans le film à nous présenter la check-list de l'anti-héros : un passé traumatique, un dégout de la violence, un papa de substitution, un coup de foudre inopiné, le dernier casse et puis j'arrête, la loi de murphy qui s'invite... Des artifices sans doute destinés à donner de l'épaisseur au film, sauf que celui-ci n'en a nullement besoin. Soyons clairs : on ne peut décemment pas demander à Wright de refaire toute sa vie sa trilogie cornetto, ni de verser indéfiniment dans l'humour potache qu'on lui connait. Le gars gagne en maturité d'année en année et au vu du résultat qui se profile sous nos yeux, c'est tant mieux. 

Seulement voilà le hic : A trop vouloir souligner l'aspect tragique de son personnage, le film finit non seulement par contredire puis diluer les promesses de la génialissime scène d'intro mais en plus, il emprunte dès mi-chemin les voies classiques du film de casse ainsi que ribambelle de clichés pas vraiment super fins. Et sur ce registre là, le film montre clairement ses limites. Car l'écriture affutée - qui déjoue très souvent les attentes du spectateur, heureusement- ne peut indéfiniment masquer un canevas narratif somme toute très banal et des enjeux dramatiques pas vraiment épais. Nous passerons aussi sous silence la fin du film, un happy end limite égyptien, poétique certes, mais franchement désuet. Accordons à son géniteur le bénéfice du doute et disons que de toute façon l'on ne cherche pas la rigueur réaliste dans un film comme Baby Driver. 


Tequila ! 

Défi raté mais film réussi, Baby Driver ne tient pas totalement ses promesses mais assure néanmoins un moment de pur cinéma grâce à une exécution au cordeau, une écriture de haut niveau et un casting juste topissime (mentions spéciales à John Hamm et Kevin Spacey, monstrueux de talent). Gageons que cet élan sera suivi par une nouvelles génération de cinéastes qui sauront à leur tout revitaliser un cinéma de genre en état de coma éthylique.


Atef Attia     

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