Jack Reacher (2012)

Un homme armé fait retentir six coups de feu. Cinq personnes sont tuées. Toutes les preuves accusent l’homme qui a été arrêté. Lors de son interrogatoire, le suspect ne prononce qu’une phrase : « Trouvez Jack Reacher. » Commence alors une haletante course pour découvrir la vérité, qui va conduire Jack Reacher à affronter un ennemi inattendu mais redoutable, qui garde un lourd secret.

Tom Cruise est entrain d'inventer un nouveau concept: ''le Semi-Blockbuster''. C'est quoi un semi blockbuster? C'est un Blockbuster normal, un super bon film et tout sauf qu'il y a Tom Cruise en tête d'affiche. Et nous connaissons tous le ras-le-bol généralisé que suscite désormais l'ex wonderboy d'Hollywood depuis une certaine roulade sur le sofa d'Oprah Winfrey. C'était par exemple le cas de ''Knight & Day'' un divertissement de haute volée, très bien emballé mais qui s'était fracassé la gueule au box office à cause justement de sa tête d'affiche. C'est vrai que les gens, surtout les demoiselles, préfèrent de nos jours un Brad Pitt, un Matt Damon, un Hugh Jackman ou un George Clooney que ce bon vieux scientologue. En tout cas, le Tom offre un nouvel exemple éclatant de ce concept avec ce ''Jack Reacher'', un film bien sous tous les rapports, mais y'a Tom Cruise dedans. J'y reviendrai. 

Abstraction faite de sa Star, Jack Reacher, l'adaptation ciné de l'un des héros littéraires les plus connus en US au même titre que le Parker de Donald Westlake, est un polar noir d'excellente facture goupillé par un discret artisan du genre Christopher McQuarrie, plus connu pour son scénario oscarisé de ''Usual Suspects''. Il n'en est qu'à son deuxième métrage à la réalisation, mais ceux qui ont vu son premier film ''Way Of The Gun'' sauront reconnaître son approche personnelle des films de genre. Ce premier long était un western moderne à l'intrigue somme toute classique, mais le réalisateur avait su, par quelques détails subtils y ajouter des éléments suffisamment originaux pour le faire sortir du lot. Jack Reacher bénéficie du même traitement: Un canevas linéaire et classique au possible allié à une réalisation aux petits oignons, une photo sombre hyper léchée et un dosage parfait entre suspens, humour et scènes d'action efficaces sans en faire des tonnes. Cette approche classique, loin des canons du film d'action arty qui inondent le marché n'est pas sans rappeler les standards 70's. Le héros lui même n'est pas sans rappeler ceux de ces années là, incorruptibles, expéditifs et violents et ''Jack Reacher'' se coule très facilement dans ce moule apportant une réelle touche de classe et de fraîcheur à l'ensemble. Le film se permet même de laisser le spectateur en avance sur les événements en montrant d'emblée les coupables, refusant de jouer ainsi la carte du ''Whodunnit'' pour mieux se concentrer sur ses personnages (il ménage néanmoins ses effets et quelques révélations finales valent le coup d'attendre). 

Les personnages sont aussi à la fête et l'un des points forts du film, spécialement les seconds rôles, choisis, tous sans exception avec grand soin: Que ce soit la belle Rosamund Pike efficace et loin des canons de beauté hollywoodiens rabâches (fuck You Scarlette Johannssen), le toujours impeccable Robert Jenkins, l'improbable Werner Herzog, la révélation David Oyelowo et la cerise sur le gâteau: l'immense Robert Duvall en vieux militaire teigneux. Là ou le bas blesse par contre, c'est évidemment Tom Cruise. Soyons honnêtes, la volonté de l'acteur à se diversifier et se mettre en danger est louable, mais ici le Miscast est beaucoup trop gros pour passer inaperçu. On est certes loin d'Ethan Hunt et Tom cruise jour Reacher avec une sorte de force tranquille, sure de soi et à la limite de l'arrogance, mais il retombe bien vite dans ses travers et ses tics d'acteur qui font du personnage une autre copie de ce qu'il fait d'habitude. Il n'y a tout bonnement pas assez de distanciation entre l'acteur et son personnage et c'est malheureusement le problème de Cruise dans tous ses films, un défaut très dommageable pour ce Jack Reacher. 

Ce n'est pas pour autant qu'il faut bouder notre plaisir, Jack Reacher reste un très bon polar bien ficelé et terriblemnt bien foutu même s'il n'évite pas certains pièges: un dénouement classique et assez confus, un méchant pas assez charismatique et certains moments ''délirants'' comme la baston dans une salle de bain ou cette solidarité soudaine envers un fugitif recherché par les flics (c'est Tom Cruise, m'enfin quand même).