Slide # 1

Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

30/07/2012

JCVD (2009)



Le célèbre Jean Claude Van Damme retourne dans son pays natal, la Belgique, confronté simultanément à des difficultés dans sa carrière d'acteur, à des problèmes fiscaux et à un procès pour la garde de sa fille (laquelle souffre des quolibets suscités par les frasques de son père et sa réputation ternie dans les médias). C'est alors qu'il se trouve par hasard victime d'une prise d'otages dans un bureau de poste à Schaerbeek . Aperçu de l'extérieur par un agent de police, l'acteur est par erreur pris pour l'auteur de la prise d'otages, entraînant très vite un emballement médiatique outrancier.


Et si le meilleur rôle de Jean-Claude Van Damme était celui de Jean-Claude Van Damme?  C'est en tout cas de qui ressort de l'hallucinant  film du Franco-Tunisien Mabrouk El Mechri et qui n'a de héros que le Van Damme lui même.

Le film commence par une fantastique scène d'ouverture, avec JCVD en plein tournage d'une scène d'action, ou il zigouille au moins une cinquantaine de bad guys avec toutes sortes d'armes, à mains nues et à coup de savates, dans un saisissant plan continu de 7 minutes, mais ou bizarrement tout sonne faux et ou le héros ressort totalement lessivé et vraiment pas convaincu (ni convaincant). Il va direct voir le réalisateur (un jeune branleur asiatique, qui ne regarde même pas le moniteur et ne lui adresse la parole que par interprètes interposés) pour lui expliquer que ça ne marche pas, que ça sent le fake et qu'il ne peut plus jouer des scènes aussi physiques car il a 47 ans. Mais devant le j'm'en foutisme du réal il abandonne et rentre penaud dans sa loge... Seul. Fin de l'intro. Déjà, à travers cette scène unique, El Mechri dresse un constat amère et lucide sur ce qu'est devenu la filmographie de JCVD depuis sa déchéance du monde d'Hollywood: Des films alimentaires avec des réalisateurs lambda et des producteurs à la petite semaine qui n'en ont rien à faire de leur acteur ni de la qualité de leur produits... Un business tout court. Le ton est donc donné, et l'on sait déjà qu'ici, Van Damme ne sera pas du tout à l'aise, ni à son avantage. Et comme pour le confirmer, la scène suivante le voit aux prises avec la justice pour la garde de sa fille suite à une interminable procédure de divorce qui lui coûte les yeux de la tête. Là aussi, l'avocat plaignant dresse un portrait dédaigneux de la filmographie de la star (en énumérant des titres de films fictifs, mais qui ne sont pourtant pas si loins de ceux qu'il sort lui même) ainsi qu'une image peu flatteuse d'un père absent et trop négligent en faisant allusion à ses nombreuses frasques et dérapages en public (Il fera un usage appuyé, regardant JCVD en coin, du mot ''Aware''!!).

A partir de là, les évènement vont s'accélérer et Van Damme va être pris dans une spirale incroyable, en pleine prise d'otage dans un bureau de poste, chez lui à Schaerbeek, allant de quiproquos en quiproquos, essayant de sauver sa peau et celle des otages, mais pas en tant qu'Action Hero justement, mais bien en tant qu'un personnage ''Normal", lui même quoi. C'est d'ailleurs ça le sujet central du film: JCVD est avant tout, un type normal comme vous et moi. En grand Fan de l'acteur, le réalisateur s'acharne à décortiquer le mythe Van Damme en le malmenant en tous points de vue, en le mettant dans les situations les plus extrêmes pour mieux le cerner et mieux accéder au coeur de l'homme, à ce qu'il est réellement. Car, à l'instar des médias et des forces de l'ordre qui s'en donnent à coeur joie pour démolir l'acteur, personne au final ne sait qui est vraiment JCVD. Chacun croit le savoir, chacun s'en fait une image propre (le vidéothécaire, la taxiste, le preneur d'otage, le commissaire) mais finalement, tous sont loin du compte. Le recours par le réalisateur à une narration non linéaire permet de mieux brouiller les pistes et de faire adhérer le spectateur au jeu: "Le type est au bord de la dépression, serai-ce si invraisemblable que ça qu'il pète les plombs et prenne des gens en otage?". Et au vu de tout ce qui lui arrive, on n'en serait pas étonné.

Inutile de dire à quel point la performance de JCVD est fantastique de naturel et de bad Acting! Inutile de souligner qu'il ne s'est jamais autant mis à nu dans un film et pour est sujet qui est fort en potentiel casse-gueule (lui même). Et pourtant il arrive en quelques scènes à créer un lien fort avec le spectateur avec une sensibilité rare mais pas très étonnante car on le savait tout de même capable de pareilles subtilités dans certains de ses films. Ici, l'effet est d'autant plus puissant qu'il parle de lui même, avec son Franglais coutumier, dans une ligne fine ou l'on ne sait plus très bien ou finit la fiction et ou commence la biographie. Car ce Van Damme-là est très près de la réalité (mais pas réel, il faut le savoir, il ne s'agit que d'une semi biographie). Comme chacun sait, l'acteur en a vu de toutes les couleurs, a flirté avec les sommets mais à plusieurs fois touché le fonds que ce soit dans sa carrière ou dans sa vie privée. Ici l'acteur lui même est confronté à ces échecs et à ses dérapages par tout ce battage médiatique qui est déclenché suite au hold up (le meilleur moment étant probablement celui ou il regarde à la télé l'une de ses célèbres interviews totalement barrées ou il explique que 1+1=1 est différent et très beau). Il est lui même en proie aux doutes, au bord de la dépression, il est fatigué et cerné par un tas de problèmes en plus du fait qu'il risque sa peau. Cette prise de conscience donnera l'une des plus belles scènes de la filmographie de JCVD, ou il ne fait pas de castagne mais ou il est seul face à la caméra, dans une monologue poignant et touchant de vérité. Un monologue dans lequel il parle au spectateur, son fan qu'il sait qu'il a trahi et auquel il s'excuse, mais aussi à sa dépendance à la drogue et les problèmes que ça lui a causé. Ce n'est pas tant ce qui est dit dans ce monologue qui le rend si spécial (à vrai dire, ça reste toujours du VanDammisme régulier) mais c'est la stupéfiante sincérité et le naturel dont fait preuve l'acteur pour parler aussi directement d'aspects hyper personnels de sa vie.

Ce rapport avec le fan est vital dans ce film et constitue un élément central. Le fan est personnifié par un preneur d'otage qui n'en croit pas ses yeux lorsque Van Damme lui même se présente à sa porte. C'est paradoxalement ce fan/preneur d'otage qui pousse JCVD à reprendre confiance en lui et lui témoigne tout son respect et sa foi malgré tous les écarts de son idole (à voir les scènes hilarantes ou il le pousse à faire une démonstration de High Kick sur un otage, ou ce dialogue à propos de Steven Seagal qui a accepté de couper sa queue de cheval pour rafler un rôle promis à JCVD!).  Et c'est d'ailleurs ce fan là qui réussira bon gré mal gré à forcer une issue à cette prise d'otages.

Au final, JCVD constitue un des sommets de la filmo de Jean Claude Van Damme et un must pour tous les fans de l'acteur. Plus encore, il constitue une très belle réflexion sur le statut d'acteur/Icône dans la vie réelle, et à quel point la fiction peut facilement rejoindre la réalité mais que la réalité est souvent loin, très loin d'être un cinéma. 

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire