Slide # 1

Baby Driver (2017)

Le réalisateur culte de la trilogie cornetto revient enfin avec son nouveau Baby. Verdict !

Daylight (1996)

Ghost in the Shell (2017)

L'adaptation du manga culte japonais avec Scarlett Johannssen est-elle à la hauteur des attentes ?

Slide # 3

Blood Father (2016)

Retour de l'ogre Gibson dans un rôle à sa mesure.

Slide # 4

Star Trek Beyond (2016)

Encore un flamboyant exemple de la malédiction du numéro 3.

Slide # 5

La Maison des Otages (1990)

L'avant dernier film de Michael Cimino, remake du classique de 1945 avec Mickey Rourke.

07/06/2012

John McCabe (1970)


Arrivé dans un coin perdu de l'ouest américain appelé Presbytarian Church, John McCabe use de son flair et profite de la naïveté de ses habitants pour lancer une maison close et de jeux. Il est aidé par une prostituée du nom de Mrs Miller qui, forte de son expérience dans le domaine fait prospérer grandement ses affaires. Ce succès attire vite les convoitises et lorsqu'une société minière propose à McCabe de lui vendre ses biens, il refuse net. Des tueurs à gage sont alors engagés pour le liquider et mettre la main sur la ville.

Les superlatifs ne manquent pas pour décrire le Western de Robert Altman, tourné en 1970 avec Warren Beatty et Julie Christie. De ''Chef d'oeuvre'' à ''Superbe'', ''Magnifique'' et j'en passe. Personnellement, celui qui me convient le plus est celui ci: ''Singulier'': John McCabe est un anti-western qui signe le début de la fin des westerns classiques et préfigure un courant ''naturaliste'' revendiqué et pleinement assumé par son réalisateur.  

Il faut se rappeler que nous sommes en 1970, l'aube de ce que l'on appelait alors : ''Le Nouvel Hollywood'' dont Warren Beatty était justement l'un des instigateurs (avec ''Bonnie And Clyde'' un an plus tôt). Un vent de changement soufflait sur les studios et sans que les grosses majors puissent y faire quelque chose, le pouvoir tomba dans les mains d'une nouvelle vague de jeunes réalisateurs, avec leur propre vision des choses. Le temps était à la rébellion et le refus catégorique de toutes les conventions et de tous les schémas classiques d'alors. Robert Altman en fait de même: son Western ne s'inscrit pas dans le lignée classique d'un John Ford, ni dans le Spaghetti d'un Sergio Leone, et encore moins dans celui violent et sanguinaire d'un Sam Peckinpah. Il suit son propre chemin, un chemin réaliste qui déconstruit méticuleusement tous les codes du genre. 

Déjà le Héros de son film, John McCabe n'est pas un Shériff, ni un chasseur de primes et encore moins un pro de la gâchette. C'est juste un joueur de Poker, lâche et beau parleur qui s'est bâti une réputation sur un pieux mensonge. Son unique motivation est le gain d'argent facile, son idée des affaires se résume à un bordel et à une maison de jeux dont il est même incapable de tenir les comptes. En somme c'est un personnage humain, avec ses qualités et ses faiblesses, loin de posséder des super pouvoirs des héros habituels. Quand il se rend compte du danger qui le guette, il ne cherche pas à déclencher une rixe mais essaye de raisonner les tueurs, puis leurs employeurs pour un compromis. Et c'est à travers ce personnage que le réalisateur brosse le portrait désenchanté d'une Amérique au bord du précipice, celle qui est en perte de valeurs en proie à un capitalisme vorace (incarné par la compagnie minière) et des trustes qui n'hésitent pas à recourir aux pires bassesses pour asservir les petits commerçants.  A ce sujet, il faut voir la mini plaidoirie que fait l'avocat (William Devane) lorsque McCabe vient lui demander de l'aide: un beau discours mais sous lequel se cachent des intentions politiques et pas vraiment si charitables.

Le point culminant du film - forcément le duel final- est lui aussi un exemple d'anti-conformisme et de noirceur. Avec 3 sbirres à ses trousses, Mccabe ne joue pas les héros, il est montré clairement apeuré et aux abois. Là ou un Segio Leone filmerait le duel sous un soleil de plan en cinemascope avec un air d'harmonica pour fond sonore, Altman choisit plus de réalisme et son règlement de comptes prend un air de jeu de chats et de souris: McCabe fait tout pour se cacher et abat ses ennemis dans le dos, de façon sournoise. Rien de bien glorieux ni d'éclatant dans tout ça. L'action se passe dans une tempête de neige pour accentuer le côté morbide du dénouement et la scène finale n'en a que plus d'impact: McCabe, atteint par une balle, rampe  dans la neige, puis se meurt lentement dans l'indifférence générale des gens de la ville (qui sauvent l'église du feu) et de son amante (qui préfère se shooter à l'opium dans le quartier chinois). Pas mieux pou vous foutre le bourdon.

On ne peut pas non plus passez à côté de la réalisation singulière Robert Altman, qui a tourné son film en  ordre chronologique des scènes (une première) ainsi que le remarquable travail fait sur la photographie, avec l'utilisation ingénieuse de plusieurs filtres (plutôt que de perdre du temps en modifications à la post productions). Sans oublier une  bande son tirée de l'album ''Songs of Leonard Cohen'' qui colle à merveille au contexte de ce film atypique, témoin d'une époque d’ébullition dans le cinéma de l'époque et qui contribua grandement à asseoir la notoriété de Robert Altman et de Warren Beatty.   


0 commentaires:

Enregistrer un commentaire